samedi 17 décembre 2011

Fantômes majestueux


Sous ces draps lisses couleur froide
Se cachent toutes les couleurs
Et des gestes conscrits parfois
De la solitude le leurre

J’ai de l’admiration pour ces esprits
Réservant leurs formes gracieuses
Et préférant la disgrâce au renie-
Mentez-moi si je suis frileuse

Derrière le voile un chignon tendu
Et un pied frémissant le henné
Peut-être aussi un autre esprit pas né
Ou un nu sous l’obscurité perdu

Seuls se découvrent des yeux noirs ou verts
Marron ou bleus et aussi une bouche
Charnue – ou pas – et ce sont là des airs
De prison à ce cadrage qu’on trouve

Dans la rame ces femmes cachent la lumière
Criarde du métro bien mieux que mes verres
Et projetées sur ces voiles ce sont leurs jambes
Que leurs enfants turbulents contemplent

J’ai aussi de la crainte face à l’un
Posant remue-ménage autour d’elles
Moins envers leurs ombres que face à un
Doigt ostensiblement pointé vers elles

Comme cette petite aiguille surmontée
D’une bille ou d’une plume ou d’une feuille
Qui maintient tous ces voiles près de leur oreille
Et qui leurs habitudes paraît piquer

Mais j’ai surtout l’envie de me cacher aussi
D’embrasser l’anonymat d’esprit aboli
Grimer ma face comme font les renégats
Car sous le maquillage je ne m’aime pas

Ces fantômes qui « pullulent » autour de nous
Dans le fond les comprenons-nous ?