samedi 27 juin 2009

Glühend (extrait)

1

[...] Mais il fallut que je m’approchasse trop près de cette cheminée. Je les connaissais par cœur, nos effets pyrotechniques, pourtant – je savais toujours où et quand partirait le prochain feu d’artifice, où et quand le prochain lance-flamme s’enclencherait. C’était mon métier.
Mais je suppose que ce soir-là, l’effervescence du public me contamina et j’en finis par oublier les règles élémentaires de sécurité. Par deux fois déjà, je faillis me brûler – sur Asche zu Asche, bien évidemment : je perdis légèrement équilibre juste avant de me rapprocher du micro ; sur Du riechst so gut aussi, quand je tentai une esquive près de l’arc de Till. Deux petits écarts qui poussèrent Till à venir me voir vite fait en coulisses pour me dire de me calmer. Un petit sermon de cinq secondes qui ne m’empêcha pas de devenir l’attraction incandescente sur Sonne, la chanson suivante.
Ma seule fierté : je suis littéralement devenu le soleil de la scène pendant la chanson. Je ne sais pas trop ce qui me prit. Je voulais m’essayer à un petit tour ; je voulais sauter par-dessus la cheminée juste avant qu’elle ne s’enclenchât. Je trouvais le tour impressionnant, et le public aussi. Mais je dus rater mon coup au deuxième refrain, car mon pantalon soudain prit feu. Sentant les flammes lacérer ma jambe droite, je tentai de les éteindre avec ma main mais c’est la manche de ma veste qui s’enflamma à son tour. Par réflexe idiot, je mis ma guitare de côté pour la protéger, empoignant la sangle pour la passer par-dessus ma tête au plus vite, et ce faisant, je dus faire un faux pas, car je me sentis tomber en arrière. Mon bras embrasé se fracassa au sol sous mon poids et la douleur des os brisés se combina à celle de ma peau fumante. Paniqué à l’idée de ne voir personne accourir pour éteindre les flammes, j’essayai de me redresser et voyais autour de moi des fans hurler, les gars de la sécurité crier à notre équipe, arrivée sur la scène.
J’étais tombé dans la fosse, dans le creux entre la scène et les barrières, où je cramais devant les yeux effarés de tous. Le temps que l’équipe redescendît avec les couvertures mouillées et les extincteurs, mon corps était déjà à moitié enflammé. Et je me souviens que tout ce que j’arrivais à faire, c’était me tortiller dans tous les sens en criant à l’aide [...]